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  Qui je suis?

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Fabrice Gagos aka Svart, humain contre son gré, français par défaut, gaucher contrariant, queer, végétarien et tatoué par choix...Malgré tout, je ne mange pas les bébés, et je n'ai presque jamais eu de relations sexuelles avec des animaux. Par contre je bois de la bière.
Gagne sa vie en faisant de l'art parce que tout le reste l'ennuie.

 

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 03:18

 

Charlie Hebdo est un journal que je ne lis pas, comme la plupart des journaux, à vrai dire.

Je ne trouve ça pas drôle et souvent offensant pour certaines minorités. Bref cela ne m'attire pas. (je me dois quand même de préciser que j'ai une affection toute particulière pour Cabu, avec les émissions TV de qui j'ai grandit dans les années 80 et qui est probablement une des raisons pour lesquelles j'ai voulu me diriger vers la BD et le dessin en général.)

Je pourrais développer mais ce n'est pas le moment de faire le procès du journal, comme beaucoup se sont empressés de le faire et de plus je n'en ai pas les moyens vu que comme je l'ai dit... Je ne le lis pas.

Mais je défends bec et ongles le droit à n'être pas drôle si on veut et à ne pas me plaire.

Et surtout je défends le droit de vivre et à être différent.

 

A chaque événement choquant, tout le monde se mobilise dans une reaction socialement conditionnée pour se donner bonne conscience, les gens, les politiques, les nations, les entreprises, les associations etc... dans un élan de solidarité, de compassion. C'est beau à voir, plein d'espoir, on se dit que ça y est... les gens ont compris.
Et si on ne fait pas gaffe, on a l'impression que toute la France (et le monde même) est devenu tolérante et solidaire.

Mais si on est plus attentif on voit que l'émotion rend souvent un peu con.

Par exemple, quand je lis, en réponse à un attentat, qu'on espère la mort des terroristes, je me dis qu'on est un peu con.

Quand je lis des propos racistes, islamophobes, homophobes, sexistes dans les commentaires de gens qui prétendre défendre la liberté d'expression et la tolérance, je me dis qu'on est un peu con.

Quand j'entends parler de racisme anti blanc, je me dis qu'on est un peu con.

Et quand il a suffit que les suspects se retrouvent coincés pour commencer à voir les gens s'insulter sur les réseaux sociaux, sachant que la plupart irait marcher ensemble ce dimanche pour la liberté d'expression, je me dis qu'elle est belle et solide l'union républicaine.

 

Cependant, je ne critiquerai pas cela, je ne suis pas assez cynique pour ne pas voir quelques traces d'espoir là dedans, mais tout ceci me laisse quand même un vieux goût amer dans la bouche.

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(à mon avis une des meilleures images "hommages" faites cette semaine par l'australien David Pope)

 

Mais finalement je me dis que ce n'est pas le plus important. Tout cela sera vite passé.

Quand on voit que même au sommet de l'émotion (et des reactions conditionnées qu'elle implique) nous sommes encore totalement divisés, ce qui me semble le plus important ce n'est pas ce sentiment factice et éphémère d'union nationale, mais ce qui en restera. Après.

 

On parle de tolérance, d'ouverture d'esprit, de rejet des extrémismes, de liberté d'expression, de droit à la satire etc...

Pire, on parle d'humour !

 

Mais demain on manifestera à nouveau contre les libertés individuelles (combien de morts chaque année à cause de ça? Pas besoin de Kalachnikov pour tuer, les mots suffisent parfois). La haine envahira à nouveau la rue. On votera encore pour protéger sa petite personne face à l'inconnu. On rejettera encore les marginaux, les sans papiers, les homos, les fous et les handicapés, tout ce qui n'est pas comme nous et nous fait peur représentera une menace. Et une menace encore plus tenace, car on aura peur et qu'on se sentira légitime de se protéger maintenant qu'on a été blessé.
On parlera de guerre, de vengeance, de sécurtié mais plus de paix, de liberté et d'harmonie.

 

A moins qu'on apprenne quelque chose ?

A moins que pour une fois on soit prêt à faire ce qu'il faut ?

 

Se réunir pour manifester lorsqu'on est certain de faire partie du bon camp, c'est facile.

Mais agir chaque jour, personnellement, en son nom, pour que les dogmes de l'un n'imposent jamais rien à l'autre, pour que chacun puisse vivre la vie qui lui convient sans avoir peur d'être jugé ou maltraité juste parce qu'il existe, c'est ainsi que le combat face à l'extrémisme religieux ou politique se doit d'être mené. C'est à la population de le mener dans son comportement quotidien pas à une armée.

Et c'est un peu plus difficile que de suivre le mouvement.

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(l'ami BIS se défend pas mal non plus) 

 

Si on veut lutter contre les extrémismes, l'obscurantisme et l'idiotie, la meilleure et la seule arme c'est de vivre libre et d'afficher nos différences.

C'est un combat qu'on se doit de mener tous les jours, pas seulement quand c'est la sortie du dimanche obligée si on ne veut pas avoir à supporter les critiques le lundi à la machine à café. (oui parce qu'encore une fois, dites tout haut que vous ne voulez pas manifester et les gens vont vous en balancer de la liberté d'expression.)

 

Si, pour une fois, tout cela nous amène à une réelle prise de conscience du changement qu'il y a à opérer, alors au lieu d'avoir plus de sécurité, plus de lois, plus de contrôles, on aura moins de censure (moins d'auto-censure surtout) plus de liberté, plus de mixité, plus d'ouverture, une place plus large à la culture, à l'éducation pour lutter contre l'obscurantisme et la manipulation.


Combattre le terrorisme par des lois n’aboutira qu'à plus de peur et de haine (et peut être un meilleur pourcentage aux prochaines élections).

Ce n'est pas de cette guerre anoncée, de cette vengeance "légitime" qui se prépare en fond dont on a besoin, il ne s'agit pas d'aller tuer l'"enemi de la liberté" chez lui, ce serait hypocrite de toute façon car on ne sait toujours pas aimer la liberté chez nous.

 

Alors lâchez vous ! Soyez vous même ! Laissez les gens aimer ceux qu'ils aiment et aimez les gens que vous aimez! Roulez leur des pelles! Faites leur l'amour! Teignez vous les cheveux ! Faites ce tatouage que vous n'osez pas faire ! Croyez en ce que vous croyez sans attendre de votre voisin qu'il croit la même chose que vous!

Chaque jour et pas seulement pour faire partie d'un mouvement populaire ponctuel puis reprendre votre masque socialement acceptable le lundi.

 

Que cela serve au moins à quelque chose.

Sinon... On aura rien compris.

Je pense que les dessinateurs morts (et les non dessinateurs encore plus) s'en foutent que vous soyez Charlie aujourd'hui. Je pense qu'ils auraient tous voulu que vous soyiez d'abord sûr d'être et de pouvoir être vous même tout en laissant à votre voisin cette même liberté.

 

Je suis Fabrice. Et vous, vous êtes qui ?

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commentaires

T
<br /> .. .... C'est exactement ça....<br /> <br /> <br /> Et c'est triste à en pleurer...... <br /> <br /> <br /> Thierry <br />
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M
<br /> Oh Putain, Fabrice ... MERCI. J'ai essayé d'expliquer tout ça 100 fois dans la nuit, essayer d'expliquer pourquoi je n'étais pas sortie ce week end , tout était là<br /> mais rien ne sortait sans devenir féroce. Je m'appelle Maïté, j'ai été effondrée, j'ai été en colère et aujourd'hui après plusieurs débats dans ma tête, je suis sceptique. (et grâce à toi, je<br /> pourrais remettre qq idées dans le bon ordre et faire savoir pourquoi). Merci.<br />
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